Le philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900) déclare dans Ecce Homo (Comment on devient ce que l'on est) :
"Demeurer le moins possible assis : ne prêter foi à aucune pensée qui n'ait été composée au grand air, dans le libre mouvement du corps - à aucune idée où les muscles n'aient été aussi de la fête. Tout préjugé vient des entrailles. Etre 'cul-de-plomb', je le répète, c'est le vrai péché contre l'esprit."
Et dans Le Gai Savoir :
"Nous ne sommes pas de ceux qui n'arrivent à penser qu'au milieu de livres, sous l'impulsion des livres. Nous avons pour habitude de penser au grand air, en marchant, en sautant, en escaladant, en dansant, de préférence sur des montagnes solitaires. "
A partir de l'été 1879, et durant dix ans, Nietzsche deviendra ce marcheur que la légende retiendra : il travaille, réfléchit en marchant. En Haute Engadine, à Sils-Maria, mais aussi sur les hauteurs de Nice. Il marche seul, jusqu'à huit heures par jour.
"A cette époque, je pouvais, sans trace de fatigue, marcher sept ou huit heures en montagne. Je dormais bien, je riais beaucoup ; j'étais plein de vigueur et d'une patience à toute épreuve. "
Nietzsche cherche en montagne une distance à l'égard de ses contemporains, mais également y affine et y développe son souci de l'homme : la solitude des hauteurs, et la marche, qui est la vie même de cette solitude qui pense, font accéder le philosophe aux pensées les plus abyssales.
Nietzsche, philosophe parce que marcheur.
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