"Cela faisait longtemps que j’avais envie de me plonger dans « Au dessous du volcan » de Malcolm Lowry (publié en français pour la première fois en 1950), à la fois attiré de façon instinctive tout en hésitant devant la réputation sulfureuse d’un roman – et d’un auteur – baignant page après page et jour après jour dans l’alcool.
Cet été, je l’ai lu avec passion, ne pouvant me détacher de la lecture de ce chef-d’œuvre : une œuvre prodigieuse.
« On n’épuise pas cet ouvrage bouleversant. Il faut le lire et le relire afin d’en mieux pénétrer la signification et d’en mieux savourer les beautés » (Maurice Nadeau)
...J’ai l’impression que je fais partie désormais, moi aussi, de l’étrange confrérie des amis d’ »Au dessous du volcan »...
Il m’a fallu vivre, tout au long de cette longue lecture - 637 pages -, tête à tête avec un monstre inconnu possédant sur moi tous les pouvoirs, me rendre à sa merci…
Sous ce récit, dont l’intrigue se réduit à peu de choses, courent sans cesse, à des niveaux divers d’autres récits : des lectures successives qui nous font descendre toujours plus profondément dans le gouffre.
Son héros, le Consul, doit assumer son humanité jusque dans l’abjection et la transgresser par une lucidité que n’appartient qu’à Dieu, ou au diable.
L’Enfer de Dante n’est pas loin : …mi retrovai in una selva oscura…
Mais il doit aussi assumer une histoire d’amour qui vous prend aux tripes…
« Ne te reste-t-il donc plus de tendresse ou d’amour pour moi ? »
demanda soudain Yvonne, presque piteusement, en se tournant vers lui, et il pensa :
« Si, je t’aime, il me reste pour toi tout l’amour du monde, mais cet amour me paraît si loin de moi, et si étrange aussi, je pourrais prétendre l’entendre, un bruit sourd et un sanglot, mais loin, très loin, un son triste, perdu, et qu’il s’approche ou s’éloigne, je ne saurais le dire. »
« Ne peux tu donc penser à rien, si ce n’est au nombre de verres que tu vas boire ? »…(p. 341 de l'édition Folio)
Ne vivons nous pas tous, d'une façon ou d'une autre "au dessous du volcan" ? "
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