samedi 11 octobre 2014

Lou Andreas-Salomé : faire confiance aux voies du désir...







Lou Andreas-Salomé (1861, St-Pétersbourg - 1937, Goettingue), femme de lettres allemande d'origine russe, est une intellectuelle remarquablement douée, qui voyage en permanence en Europe et correspond avec les plus grands penseurs de son temps.
Femme libre avant son temps, elle fait à 21 ans la rencontre de Frederic Nietzsche, qui a 17 ans de plus qu'elle. Il la trouve surdouée et insupportable. La soeur du philosophe écarte la jeune russe, ce que Frédéric ne lui pardonnera pas . Il sombrera alors dans une profonde dépression et écrira Also sprach Zarathustra.
A 36 ans, elle rencontre Rainer Maria Rilke, qui a 14 ans de moins qu'elle. Pour Rilke aussi, cette rencontre aura une place déterminante dans sa vie. Leur relation amoureuse dure 3 ans, puis se transforme en amitié qui durera jusqu'à la mort de Rilke.
Toutefois, parmi l'ensemble de ses rencontres, celle avec Sigmund Freud, en 1911, à l'époque de la naissance de la psychanalyse, demeurera la plus marquante. Lou Andres-Salomé deviendra l'amie d' Anna Freud.
Ecrivain, elle fut célébrée à Paris, Vienne et Berlin, et fut bercée par la philosophie de Spinoza et de Kant. Elle fut avant tout une femme libre, voyageuse et spirituelle.
Les quatre essais sur l'amour et le sexe, rassemblés dans le livre "Eros" témoignent d'une franchise et d'une justesse de vues irrésistibles.
Pour Lou, "il est plus sage de faire confiance aux voix du désir qui s'élèvent du sein de l'être humain, qu'à des théories préconçues et falsifiées"...


"Que de jeunes filles provisoirement écoeurées, au grand scandale des leurs, par les petites corvées domestiques, ne désirent, sans le savoir, rien d'autre que de s'épanouir en une âme féminine riche et précieuse, dans le cercle de laquelle chacun se sentira enclos par la paix du monde natal, - et, si on lui interdit d'en tenter l'expérience, si ses capacités les plus accusées s'atrophient, la voila condamnée à une éternelle discordance, anguleuse et mal proportionnée, payant dans sa vieillesse, en flots de bile amère, les pièces d'or qu'il ne lui a pas été permis d'offrir jadis.
A cet égard, on ne peut donc que toujours prêcher la liberté, et encore la liberté, et il faut renverser toute barrière, rompre toute étroitesse artificielle, car il est plus sage de faire confiance aux voix du désir qui s'élèvent du sein de l'être humain, même lorsqu'elles s'expriment de travers, qu'à des théories préconçues et falsifiées.
Dans tous les cas où une évolution peut revêtir un être de splendeur et de joie, et si bizarres que puissent paraître ses zigzags, elle n'en est pas moins sur la bonne voie, et elle a finalement pour but d'amener à maturité, en la femme, la femme elle-même, autrement dit sa plus secrète aptitude à vivre."  1910 (L'humanité de la femme, in Eros, Editions de Minuit, 1984)

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