dimanche 12 octobre 2014

Benjamin Fondane : la révolte, le goût de vivre et le sens de la mort



Benjamin FONDANE, né Benjamin Wechsler, en Roumanie, le 14 novembre 1898 fut un écrivain, dramaturge, poète, essayiste, critique littéraire, réalisateur de cinéma, naturalisé français en 1938, principalement d'expression française.
Dénoncé à la Gestapo, parce que juif, Benjamin FONDANE fut déporté à Auschwitz et gazé à Birkenau le 3 octobre 1944.
Avant d’être déporté, il avait pu faire parvenir à sa femme depuis le camp de Drancy une lettre dans laquelle il demandait à ce que fussent réunis, sous le titre « Le Mal des Fantômes », ses cinq livres de poésie en langue française.
Il aura fallu plus de 60 ans pour que ce vœu se réalise, grâce aux Editions Verdier.

Benjamin FONDANE écrit, dans un texte intitulé "Non lieu" :
"J'ai voulu écrire ces poèmes dans le goût dévorant de mon siècle. Si j'ai résisté, d'où m'est venu cette résistance? J'ai voulu être de coeur avec mon temps, de chair avec l'histoire. Pourquoi cette pente me fut-elle refusée? Il m'a été donné de connaître les libertés du poème, ses limites, son essence, ses facilités redoutables, ses soi-disant obstacles, dérisoires. Je connais le sésame qui l'ouvre. Et j'ai déserté, j'ai trahi la cause dialectique.
Non, ce n'est pas là, tant s'en faut, de la poésie! quelque chose de plus fort que moi, de plus délibéré, me tire en arrière, me propulse en avant. Quelque chose de plus puissant que moi monte en moi, m'envahit, me dévore, brouille mes plus secrets desseins, me force à exprimer à travers le bric-à-brac des structures lyriques les moins apparentées, les plus dépareillées, les plus décriées, la confusion d'un esprit que hantent pêle-mêle, des voeux, des présages, des superstitions, des calembours, des ténèbres et des essences."
« Un jour viendra, c’est sûr, de la soif, apaisée / nous serons au-delà du souvenir, la mort aura / parachevé les travaux de la haine / je serai un bouquet d’orties sous vos pieds, / alors, eh bien sachez que j’avais un visage / comme vous. Une bouche qui priait comme vous. » (« Préface en prose », l’Exode, in Le Mal des Fantômes, Verdier Poche, 2006)
"De tous les poètes ses contemporains, pas un, ni même ceux qui ont été dans la Résistance, pas un n'a écrit la révolte et le goût de vivre mêlé au sens de la mort comme Benjamin FONDANE. Sa situation de fantôme lui-même, y est sans doute pour quelque chose : un émigrant de la vie traqué sur les fleuves de Babylone.


Contre les dualismes de la philosophie, il est dans le continu de la vie à partir du poème et du poème à partir de la vie. Par là il est présent." (Henri Meschonnic)

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