Pierre Hadot (1922-2010) nous a donc quittés, il y a plus de 4 ans, le 24 Avril 2010, à l’âge de 88 ans,
Le Ministère de la Culture a salué, au moment de son décès, « un grand philosophe », « un grand historien », et plus, encore : « un maître, dont la voix, longtemps encore résonnera en nous ».
Malgré les éloges officiels, la mort de Pierre Hadot est passée relativement inaperçue.
Qui peut bien encore, « de nos jours » si agités et « internétisés », s’intéresser à la disparition d'un professeur honoraire au Collège de France, profond connaisseur de la culture hellénistique, en particulier du néoplatonisme et de Plotin ?
Qui peut encore s’intéresser à l’auteur d’un œuvre développée autour de la notion d’exercice spirituel et de philosophie comme manière de vivre ?
Pierre Hadot a été pour moi un guide.
Un guide dans l’approfondissement de Plotin et du néoplatonisme.
Son livre : « Plotin ou la simplicité du regard » (Folio Essais) m’a marqué et guidé dans ma recherche.
...guidé et poussé à lire directement Plotin et ses disciples, et lorsque c'était possible, dans ses propres traductions : Porphyre, Jamblique, Damascius, Proclus, par petites doses, par petites gorgées, allant de surprises en émerveillements, comme si lui, Pierre Hadot m’avait tenu par la main.
Dans cet ouvrage, il présentait non pas un système, mais l’expérience personnelle de Plotin.
Il y est question de l’union mystique, surgissant en des moments privilégiés, qui bouleverse toute la conscience du moi.
Un ouvrage de Pierre Hadot qui m’a également beaucoup marqué, mais plus général, et sous formes d’entretiens, avec J. Carlier et A.I. Davidson : « La Philosophie comme manière de vivre » (Albin Michel, Itinéraires du savoir).
C’est un livre dont on sort changé, comme de tous les livres de Pierre Hadot, d’ailleurs.
Dans ces entretiens, nous découvrons un savant admirable, dont l’œuvre a nourri de très nombreux penseurs, mais aussi un homme secret, pudique, sobre dans ses jugements, parfois ironique, jamais sentencieux.
Et si « philosopher c’est apprendre à mourir », selon Marc-Aurèle, auquel Pierre Hadot a consacré de nombreuses études, il faut aussi « apprendre à vivre dans le moment présent, vivre comme si on voyait le monde pour la dernière fois, mais aussi pour la première fois ».
Troisième et dernier livre de Pierre Hadot qui m’a beaucoup marqué : un livre qui revient à Goethe et à la tradition des exercices spirituels : »N’oublie pas de vivre » (Albin Michel, Idées).
Grand lecteur de Goethe, Pierre Hadot analyse comment le grand maître allemand se situe dans la longue tradition des « exercices spirituels » inspirés par la philosophie antique, comment l’individu s’efforce de transformer sa manière de voir le monde afin de se transformer lui-même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire