Joseph Conrad (1857-1924), d'origine polonaise (son vrai nom : Teodor Józef Konrad Korzeniowski h. Nałęcz), est l'un des plus grands écrivains anglais du XX° siècle. Conrad parlait avec une égale facilité le polonais, l’allemand, le français et l’anglais ; mais il décida d’écrire dans la langue de sa nouvelle patrie, l'Angleterre.
Quelle écriture! Riche, détaillée, fouillant comme au scalpel tant les paysages, les comportements humains que l'intime des motivations des hommes. Ses romans sont sombres et profonds, ils vous prennent aux tripes, si vous vous laissez emporter, comme sur un vapeur affrontant les tempêtes de la haute mer. Conrad peut être considéré comme un précurseur de l'existentialisme : ses personnages sont faillibles, violents, avides, désenchantés, mais ne renoncent jamais à affronter la vie. Et c'est tout ce qui fait la fascination que l'on éprouve à lire Joseph Conrad.
J'ai été bouleversé par Typhon (traduit par André Gide), La Folie Almayer, et Heart of darkness/Au coeur des ténèbres (En bilingue chez Folio), en attendant de lire Lord Jim, Jeunesse, Le nègre du Narcisse.
Dans "Heart of darkness/Au coeur des ténèbres", le capitaine Marlow, qui commande un bateau destiné au commerce de l'ivoire, remonte le fleuve Congo pour s'enfoncer avec son équipage au coeur d'une Afrique primitive et sauvage...L'expédition de Marlow devient un hallucinant voyage aux sources de la folie et du Mal... (4° de couverture chez Folio, 1996).
"Vous savez que je ne suis pas particulièrement tendre. Il m'a fallu donner des coups et en esquiver. Il m'a fallu me défendre, et attaquer parfois -ce n'est qu'une façon de se défendre - sans trop calculer les risques, selon les exigences du mode de vie dans lequel j'étais sottement allé me fourrer. J'ai vu le démon de la violence, et le démon de l'avidité, et le démon du désir brûlant, mais, par tous les dieux du ciel! c'étaient des démons pleins de force et d'énergie, à l'oeil de feu, qui dominaient et menaient les hommes - des hommes, vous dis-je. Mais là, sur ce flanc de colline, j'eu la prémonition que, sous le soleil aveuglant de cette contrée, je ferais la connaissance du démon avachi, hypocrite, au regard fuyant, d'une sottise rapace et sans pitié. A quel point il pouvait être aussi perfide, je ne devais le découvrir que plusieurs mois après et mille milles plus loin. Pendant un moment, je restais épouvanté, comme sous le coup d'un avertissement." (Folio, p 77)
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