"La Jérusalem délivrée" (La Gerusalemme liberata) est un formidable poème épique en XX Chants, de longueur variable, écrit en 1581 en italien par Le Tasse (Torquato Tasso) : ici et là.
On traduit, aujourd'hui, plutôt cette oeuvre par "La Jérusalem libérée".
Le Tasse 1544-1595 |
Mon édition de 1883 |
Ce poème épique retrace un récit largement fictionnel de la Première Croisade, au cours de laquelle les chevaliers chrétiens menés par Godefroy de Bouillon combattent les Sarrasins, avant de lever le siège de Jérusalem, en 1099.
L'oeuvre s'inscrit dans la tradition des romans de chevalerie de la Renaissance.
Le Tasse emprunte des éléments de l'intrigue et des personnages à un autre poème épique : le "Roland Furieux" ( Orlando Furioso) de l'Arioste, paru en 1516 : ici.
L'Arioste 1474-1533 |
Orlando Furioso Edition de 1551 |
Mais revenons au Tasse.
Il eut pour père l'un des meilleurs poètes qu'eût alors l'Italie et qui sut mettre en honneur la poésie italienne, tout comme Dante et Pétrarque qui furent les premiers à avoir écrit en italien et non plus en latin.
On peut supposer que le Tasse a certainement commencé dès le berceau à bégayer les vers de son père ...
Statue du Tasse à Sorrente |
Le récit du Tasse nous entraîne dans une formidable aventure, et ses descriptions ne sont pas aussi élogieuses qu'il pourrait y paraître vis à vis de ses mécènes: ce récit est d'une richesse de thématiques absolument exceptionnelle et d'une grande modernité.
Les atrocités des défenseurs du Christ en terre orientale ne nous sont pas cachées et on découvre, sous le masque de sauvagerie des païens, des hommes en tous points identiques aux croisés : c'est la découverte de l'Autre.
"Dans ce monde fait d'air, d'inconsistance, changer d'avis est bien souvent constance."
Cette tension entre la sphère des passions mondaines et l'aspiration religieuse fut à la fois la gageure poétique du Tasse et le tourment de sa vie personnelle.
Souffrant depuis ses 30 ans de maladie mentale, il mourut, à 51 ans, alors que le Pape allait le couronner "Roi des Poètes".
Le Couvent sant'Onofrio à Rome où vint mourir le Tasse |
Jusqu'au début du XIX°, le Tasse fut l'un des poètes les plus lus en Europe : on peut véritablement parler, à propos de son oeuvre, de best-seller.
Le poème du Tasse a nourri l'imaginaire de générations d'écrivains et d'artistes.
Jean-Jacques Rousseau aimait lire et relire le Tasse.
Auguste Comte parlait au sujet de cette oeuvre, de "littérature épique moderne".
Simone Weil voyait dans "La Jérusalem délivrée" l'une des plus hautes expression de l'espérance chrétienne.
Voyons ce qu'en disait Chateaubriand :
" "La Jérusalem Délivrée"est un modèle parfait de composition.
C'est là qu'on peut apprendre à mêler les sujets sans les confondre : l'art avec lequel le Tasse vous transporte d'une bataille à une scène d'amour, d'une scène d'amour à un conseil, d'une procession à un palais magique, d'un palais magique à un camp, d'un assaut à la grotte d'un solitaire, du tumulte d'une cité assiégé à la cabane d'un pasteur : cet art est admirable!"
Tiepolo Renaud et Armide dans le jardin |
SUPERBE article remarquablement documenté...
RépondreSupprimerJC