vendredi 12 juin 2020

Seamus Heaney : croire en la poésie : une puissance peu commune


Issu d'une famille d'agriculteurs et d'éleveurs, par son père, et d'ouvriers du textile par sa mère, Seamus Heaney est né à Casteldawson, en Irlande du Nord, le 13 avril 1939.



Il était l'ainé d'une famille catholique de 8 enfants.

Il est mort à Dublin, en Irlande, en 2013, à 74 ans. Voir ici.

Il est l'un des poètes anglophones les plus connus du XX° siècle : sa poésie mêle l'évocation sensuelle de la nature et du cadre celtique à la violence désespérée de la situation en Irlande du Nord.

Seamus Heaney a fait observer que ses ascendants représentent deux faces de l'Irlande : celle du passé gaélique tourné vers l'élevage, et celle de l'Ulster de la révolution industrielle.
Ces tensions fondamentales l'ont façonné.

Au collège de St Columb's, il apprend le gaélique irlandais et plus tard à l'Université Queen's à Belfast, il étudie la langue et la littérature anglaises, rencontre l'écrivain Michael MacLaverty (ici) et découvre la poésie de Patrick Kavanagh (ici).

Patrick Kavanagh
1904-1967

A partir de 1962 Seamus Heaney commence à publier des poèmes, dont le recueil  "Death of a Naturalist"qui lui vaut de nombreuses récompenses.


En 1972 il quitte Belfast pour enseigner à Dublin : il continue à publier, à donner des conférences qui rencontrent toujours le même succès.


Il reçoit le Prix Nobel de Littérature en 1995, "pour son oeuvre singulière, caractérisée par sa beauté lyrique et sa profondeur éthique qui fait ressortir les miracles du quotidien et le passé vivant." Voir ici.

Seamus Heaney devient le quatrième auteur irlandais à recevoir cette distinction après William Butler Yeats, George Bernard Shaw et Samuel Beckett.


Son oeuvre joue de l'affrontement des contraires : éloge d'une nature douce et fascinante et brutalité de la situation politique.

Il clame son identité irlandaise, mais en même temps la représente comme une réalité douloureuse et déchirée.

Il se comparait volontiers à un agriculteur qui creuse le sol : le poète doit de même creuser la langue afin d'en extraire les émotions et les images fortes.

Voir ici à propos de ses poèmes (en anglais).
Voir ici un blog sur "Poèmes de fumée et de tourbe"
Voir ici un autre blog sur "Illuminations de Seanus Heaney"


On trouve le texte de son magnifique discours de réception du Prix Nobel dans le gros ouvrage compilé par Eglal Errera (Ed Flammarion/France Culture) : "Tous les discours de réception des Prix Nobel de littérature", qui est une véritable mine!




"Je crois en la poésie parce qu'elle rend possible cette marche dans l'espace. J'y crois spontanément parce que tout récemment j'ai écris un vers qui m'enjoignait de "marcher comme sur l'air contre toute logique".

Mais en fin de compte, j'y crois parce que la poésie peut créer un ordre aussi fidèle à la marque de la réalité extérieure et aussi sensible aux lois intérieures auxquelles obéit le poète que les rides concentriques qui se formaient et se déformaient indéfiniment à la surface dans l'eau de l'arrière cuisine, il y a cinquante ans..."

Une oeuvre exceptionnelle à (re)découvrir!