vendredi 12 juillet 2019

Benjamin Fondane : au seuil de l'Inde


Benjamin Fondane (alias B. Fundolanu ou B. Wechsler) est né le 14 novembre 1898 à Iasi, en Roumanie, et est mort le 3 octobre 1944 au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.

Fondane vers 1915

Fondane est un philosophe, poète, dramaturge, essayiste, critique littéraire, réalisateur de cinéma et traducteur juif athée, roumain, naturalisé français en 1938, et d'expression française.

J'ai déjà eu l'occasion de rédiger une note (ici), à propos de son ouvrage "Le mal des fantômes".

Il publie de la poésie dès son plus jeune âge.

A Paris, dès 1923 il adhère au Mouvement Surréaliste, et en 1924, il rencontre le philosophe russe Léon Chestov, qui sera la rencontre la plus déterminante de sa vie.

Léon Chestov
en 1927

En 1944 il est arrêté par la police de Vichy; ses amis obtiennent sa libération, mais Benjamin Fondane décide de ne pas abandonner sa soeur Line.

Il est alors envoyé au camp de Drancy et déporté à Auschwitz.

Les belles Editions Fata Morgana ont publié en 1994 dans la collection Hermès "Au seuil de l'Inde" de Benjamin Fondane, avec une préface de Michel Carassou et des dessins de Francis Herth (40 pages).


En 1941, les Cahiers du Sud consacrent à la pensée indienne un numéro spécial intitulé "Message actuel de l'Inde".

Invité à participer, Fondane donne "Au seuil de l'Inde", qui témoigne de ses préoccupation : l'examen comparatif de la pensée indienne (hindouiste et bouddhiste) et de la philosophie/métaphysique occidentale.

"Comme Chestov, Fondane s'attache à des auteurs tels que Pascal, Nietzsche, Dostoïevski,  ou Kierkegaard, qui, à un moment de leur vie, ont connu l'expérience du gouffre, du souterrain ou du mur, qui ont senti le sol se dérober sous leurs pieds, qui ont osé croire, contre la nécessité, contre l'ordre du monde" Michel Carassou.

"Philosophies de décadence que celles de l'Europe! Philosophies de décadence que celles de l'Inde! Symptôme de perte de vitalité, peut-être, que la philosophie elle-même, conçue comme Savoir, comme Devoir.

Attitude de défense de gens qui ont peur du vivre, qui craignent d'accepter la vérité de la vie, qui s'évanouissent quand la piqûre d'une aiguille leur arrache une gouttelette de sang - et qui se sont façonné un faux monde, une fausse vie, où il n'y ait ni aiguille, ni sang, ni un Je qui puisse être touché.

Refus de la vie, peur de la vie, c'est ça qu'ils appellent "philosophie"!" Benjamin Fondane.

Francis Herth