vendredi 22 mai 2015

August Strindberg : Petit catéchisme à l'usage de la classe inférieure



Encore un petit livre étonnant (50 pages) publié par Actes Sud en 1982, précédé d'une intéressante préface d'Eva Ahlstedt et Pierre Morizet ...



... et réédité en poche en 1993 (Babel) :


Il s'agit là d'un livre grinçant, acide, parodique, aux phrases railleuses, aux sentences véhémentes, aux affirmations stupéfiantes (sur les femmes en particulier).
Il a été écrit entre 1884 et 1886.

August Strindberg (né à Stockholm en 1849 et mort à Stockholm en 1912) est un écrivain, dramaturge et peintre suédois des plus importants.

August Strindberg

Strindberg est l'un des pères du théâtre moderne, un pionnier de l'expressionnisme européen moderne. Voir ici .

"On trouve là l'écho des idéaux qui ont pu illuminer cet exalté de l'absolu et l'ombre des persécutions dont cet inquiet perpétuel se croyait l'objet.
Sous le masque du pamphlétaire, c'est tout à la fois l'homme contesté, l'écrivain controversé et l'époux tourmenté qui paraissent ici crier rancoeur et demander réparation." Actes Sud

Strindberg par Levine

Le texte commence sous la forme de questions/réponses, celles d'un "petit catéchisme" :

Qu'est-ce que la Société ? La Société est une forme de vie communautaire qui permet à la classe supérieure de maintenir la classe inférieure sous sa domination.

Et le ton est donné!

Tout est mis avec rage sur la table de dissection : la religion, la politique, les lois, la philosophie, l'histoire, l'esthétique... ainsi que les rapports hommes/femmes, et le mariage!

Strindberg se déchaine!
Il nous assène ses vérités et convictions sans nuances et sans concessions.

"Je déteste les demi-mesures. A bas l'ordre établi. Ce que je veux, c'est l'anarchie!"

Et puis :

"Blasé" est le mot par lequel la classe supérieure désigne celui qui n'est pas amusé par les bouffonneries qu'elle introduit dans la littérature et dans l'art pour détourner l'attention des problèmes sérieux." (p. 50)

"Le pauvre qui vole par nécessité ne fait qu'accomplir le devoir le plus élémentaire de survie et suit son instinct de conservation.
Le riche qui a volé pour satisfaire sa soif de jouissance, commet le crime sans être puni ; il en est même récompensé.
Un marchand qui fait fortune en exploitant la misère des autres finit par être décoré pour "services rendus à la collectivité". (p. 54)

Ce pamphlet n'a jamais été publié du vivant de Strindberg, aucun éditeur ne voulant prendre cette responsabilité!

Ci-dessous, deux huiles d'August Strindberg :

Strindberg "Marine avec récifs"
Strindberg "La ville"

2 commentaires:

  1. Petit catéchisme à découvrir donc (je pars à sa recherche...)
    De Strinberg je connais un peu son théatre : remarquable Melle Julie que j'ai eu l'occasion de voir à plusieurs reprises...Adaptée au cinéma par Liv Ullman en 2014 (non vue).
    Je me souviens d'une adaptation de La Danse de Mort (avec Erich Von Strohein) qui m'avait fortement impressionné...
    Le deux huiles que tu proposes sont aussi "tourmentées" que son théatre;
    Bon week-end
    Amitiés
    jc

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    1. Nous venons de voir hier soir une "Mademoiselle Julie" remarquable à "La Comédie de l'Est " à Colmar, mise en scène par Nils Öhlund avec Fred Cacheux, Jean, Jessica Vedel, Julie et Carolina Pecheny, Kristin.
      La complexité des êtres, la multiplicité de leurs facettes et le glissement implacable vers la tragédie nous ont été "montrés" avec brio dans un décor épuré. Magnifique et troublante soirée!
      Amitié

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