vendredi 10 avril 2015

Albert Camus : discours de Stockholm en 1957


Je me suis offert il y a peu une "Bible" imposante : "Tous les discours de réception des Prix Nobel de Littérature", présentés par Eglal Errera (Flammarion/France Culture, 25€).


Une "Bible" de 935 pages, qui ne se lit certes pas d'une traite : y figurent en effet les discours de 109 écrivains récipiendaires du Prix Nobel entre 1901 et 2012. 
Mais il se savoure par petits bouts qui permettent d'aller de découvertes en découvertes!

Ces auteurs ont bâti leurs oeuvres en 25 langues...

Les discours sont prononcés aussi bien par des auteurs toujours reconnus que par des écrivains tombés depuis dans l'oubli, et qu'il peut être passionnant de redécouvrir.


"Les discours qu'ils prononcent ne sont en rien complaisants ou académiques : ce sont des textes inspirés, puissants, et souvent surprenants sur la création littéraire, sur l'enjeu vital et affectif qu'elle représente.

Certains auteurs affirment l'engagement politique lié à l'acte d'écrire et de publier, d'autres convoquent de lointains et intimes souvenirs rendent hommage aux personnages - le plus souvent obscurs et parfois illettrés -, au pays, à la langue auxquels ils doivent leur honneur présent, d'autres encore, saluent les écrivains dont la lecture a initié et accompagné leur travail." Eglal Errera


Je me suis précipité sur les cinq pages denses et émouvantes du texte prononcé en 1957 sous les ors de l'Académie de Stockholm par Albert Camus.

Albert Camus à Stockholm
le 12 décembre 1957

Voici l'idée qu'il se fait de son art et du rôle de l'écrivain :

"Je ne puis vivre personnellement sans mon art. 
Mais je n'ai jamais placé cet art au dessus de tout.
S'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne, et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous.

L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.
Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.
Il oblige donc l'artiste à ne pas se séparer ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle.
Et celui qui souvent a choisi son destin d'artiste parce qu'il se sentait différent apprend bien vite qu'il ne nourrira son art et sa différence qu'en avouant sa ressemblance avec tous".

"Le rôle de l'écrivain ne se sépare pas de devoirs difficiles.
Par définition, il ne peut se mettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'Histoire : il est au service de ceux qui la subissent."

"...Il ne me reste plus qu'à vous faire publiquement, en témoignage personnel de gratitude, la même et ancienne promesse de fidélité que chaque artiste vrai, chaque jour, se fait à lui-même, dans le silence"



1 commentaire:

  1. Belle idée que l'édition d'un tel ouvrage !
    Les extraits du discours de Camus me touchent évidemment beaucoup...
    Amitiés
    JC

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