dimanche 12 avril 2015

Baron d'Holbach : Essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans


Ce tout petit livre (31 pages, 3,10€), publié aux éditions Allia en 2014 est un bijou! 


Le baron d'Holbach est né dans le Palatinat rhénan en 1723, mais c'est Paris qui sera sa terre d'accueil.
Il y sera une haute figure du monde littéraire.

C'est un savant et philosophe matérialiste d'origine allemande, mais d'expression française.
Voir ici .

Le baron d'Holbach

Le baron d'Holbach s'intéresse à la chimie, à la minéralogie, traduit nombre d'ouvrages sur ces sujets, du latin et de l'allemand.
Très proche de Diderot, il écrira plusieurs centaines d'articles pour le "Dictionnaire raisonné de l'Encyclopédie".

Sa maison, sur les bords de la Marne, est fréquentée par d'Alembert, Buffon, Grimm, Diderot, Hume, Helvétius...

Il luttera toute sa vie contre la censure du Parlement et de Rome.
Il meurt à Paris en 1789.

Cet "Essai sur l'Art de ramper à l'usage des courtisans" est d'une justesse et d'un humour décapants.
Ce texte, écrit dans un style truculent, est d'une incroyable modernité!

Non seulement, nous imaginons fort bien, à sa lecture,  les courtisans courbant l'échine devant le roi dans la galerie des glaces... mais aussi leurs homologues actuels devant le Président de la République ou les chefs de partis sous les ors de la République...

Les courtisans et l'Art de ramper

Quel beau style, daté certes, et quelle ironie mordante!

"Les peuples ingrats ne sentent point toute l'étendue des obligations qu'ils ont à ces grands généreux (les courtisans), qui, pour tenir leur Souverain en belle humeur, se dévouent à l'ennui, se sacrifient à ses caprices, lui immolent continuellement leur honneur, leur probité, leur amour-propre, leur honte et leurs remords.
Ces imbéciles ne sentent donc point le prix de tous ces sacrifices?" (p. 12)

"Les dévots et les sages n'ont pu vaincre l'amour-propre; l'orgueil semble très compatible avec la dévotion et la philosophie. C'est au seul courtisan qu'il est réservé de triompher de lui-même et de remporter une victoire complète sur les sentiments de son coeur." (p. 14)

"Un bon courtisan ne doit jamais avoir d'avis, il ne doit avoir que celui de son maître ou du ministre, et sa sagacité doit toujours le lui faire pressentir." (p. 16)

"Quel respect, quelle vénération ne devons nous pas avoir pour ces êtres privilégiés que leur rang, leur naissance rend naturellement si fiers, en voyant le sacrifice généreux qu'ils font sans cesse de leur fierté, de leur hauteur, de leur amour-propre !" (p. 21)


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