Ödön von Horvath (1901-1938) est un dramaturge de langue allemande.
Les pérégrinations du jeune Ödön dans la Mitteleuropa, de par les aléas de l'Histoire, font qu'il ne se sent aucune appartenance nationale, sa nationalité fluctuant avec le temps et le lieu.
"Je n'ai pas de pays natal, et bien sur, je n'en souffre aucunement. Je me réjouis au contraire de ce manque d'enracinement, car il me libère d'une sentimentalité inutile..."
Von Horvath |
Von Horvath a, pour beaucoup, réinventé le théâtre populaire allemand.
Pour Peter Handke, Horvath est meilleur que Brecht, et compare ses phrases à celles de Tchekov et de Shakespeare.
"Dans toutes mes pièces, je n'ai rien embelli, rien enlaidi. J'ai tenté d'affronter sans égards la bêtise et le mensonge. Cette brutalité représente peut-être l'aspect le plus noble de la tâche d'un homme de lettres qui se plait à croire parfois que les gens se reconnaissent eux-mêmes."
Dans le roman "Un fils de notre temps" Horvath démasque le nationalisme, le racisme au quotidien, la lâcheté, l'infamie d'une société désemparée par une crise sans précédent.
Un "pauvre chien de chômeur" s'engage dans l'armée, fasciné par l'espoir d'un monde plus simple, apparemment généreux...mais il retournera à la vie civile mutilé, et en viendra à tuer un homme. Sa quête hallucinée le mènera à se laisser saisir par le froid et la neige dans un parc de la ville.
Ce roman, achevé en 1938, éclaire par son extraordinaire perspicacité la "carrière" d'un soldat nazi : comment peut-on se laisser prendre par ce système, cette idéologie qui s'étendent alors sur l'Europe?
"...Et quand tu seras tout à fait grand, ce sera peut-être une autre époque, et tes enfants te diront : ce soldat n'était qu'un vulgaire assassin...comprends donc : il ne savait pas quoi faire d'autre, il était bien un fils de son temps."
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