L'Algérienne Assia Djebar est la première personnalité maghrébine à être élue à l' Académie Française, en 2005.
Son œuvre romanesque défend les droits des femmes dans le monde musulman.
Son œuvre romanesque défend les droits des femmes dans le monde musulman.
Dans son discours de réception sous la Coupole en 2005, elle a vigoureusement rappelé les maux de la colonisation, et aussi rendu hommage à son père, instituteur dans un village de montagne, homme de rupture et de modernité face au conformisme musulman, ainsi qu'aux femmes de sa lignée maternelle et à leur art de la parole.
Car c'est bien de parole, et de langue, qu'il s'agit, avec Assia Djebar :
" J'écris en français, langue de l'ancien colonisateur, qui est devenue néanmoins et irréversiblement celle de ma pensée, tandis que je continue à aimer, à souffrir, également à prier (quand parfois je prie) en arabe, ma langue maternelle.
[...]Je crois en outre que ma langue de souche, celle de tout le Maghreb - je veux dire la langue berbère , cette langue donc que je ne peux oublier, dont la scansion m'est toujours présente et que, pourtant, je ne parle pas, est la forme même où, malgré moi et en moi, je dis 'non' : comme femme, et surtout, me semble-t-il, dans mon effort durable d'écrivain".
Langue de l'irréductibilité!
Dire 'non' quand le pouvoir trop lourd d'un Etat, d'une religion ou d'une oppression fait tout pour l'effacer, dire 'non' peut paraître un 'non' d'entêtement, de silence, de refus de participation à une poussée collective de séduction, de mode, un 'non' gratuit, voire d'orgueil...
"Cette intégrité du moi intellectuel et moral, ce recul ni prudent ni raisonné, bref, ce 'non' de résistance qui surgit en vous quelquefois avant même que votre esprit n'ait réussi à le justifier, eh bien, c'est cette permanence du 'non' intérieur que j'entends en moi, dans une forme et un son berbères et qui m'apparaît comme le socle même de ma personnalité ou de ma durée littéraire."
Voilà donc une femme-relais , "Un écrivain-frontière entre l'Orient et l'Occident", comme le titrait un article du Monde paru dans l'édition du 18 Juin 2005 !
Reconnaitre le talent d'Assia Djebar c'est certes une manière d'oeuvrer pour la réconciliation avec l'Algérie, mais à mon sens, c'est surtout un signe fort adressé aux femmes musulmanes.
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