mardi 4 novembre 2014

J'ai lu "Le Liseur" de Bernhard Schlink



J'ai lu l'an passé, totalement par hasard, "Le Liseur", publié il y a 19 ans, en 1995, l’ayant récupéré avec d’autres livres provenant de la bibliothèque familiale. 
Comme pour  d’autres livres que j’ai en ma possession et non encore lus, j’attendais le moment propice. 


J’avais saisi le temps, la disponibilité et le silence propice à la lecture : un voyage. 
Je me suis décidé par intuition pour ce livre de Bernhard Schlink, sans en rien savoir, sinon le fait que ma mère l’avait apprécié. 
J’ai aussi dans ma bibliothèque « Le Retour » de Bernhard Schlink.
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Je ne savais pas, bien entendu, qu’un film, «  The Reader », avait été réalisé d’après cet ouvrage.

J’ai donc  lu « Le Liseur ». Un roman facile à lire, mais du grand art, trés bien mené.

D’abord un titre, qui déjà m’a intrigué : « Le Liseur », terme qui n’est pas très usité en français et non pas « le Lecteur » ? En allemand « Der Vorleser » signifie « celui qui lit à haute voix, qui donne lecture », ou » le conférencier » ; en français on aurait pu dire aussi « Le Lecteur », mais il y avait déjà « La Lectrice », passons !
Ceci dit, ce livre m’a réellement passionné et je ne pouvais plus m’en détacher.

L’histoire en est maintenant connue, de par le film, que je n’ai pas du tout envie d’aller voir, craignant fort la déformation hollywoodienne de l’ouvrage. Malgré les Oscars. Et de plus toute adaptation fait perdre la qualité littéraire de l’ouvrage.
     
A quinze ans Michaël fait par hasard la connaissance d’une femme de 35 ans Mme Schmitz (Hanna) dont il devient l’amant. L’un de leurs rites consiste à ce qu’il lui fasse la lecture à haute voix. Un jour, elle disparaît. Plus tard, dans le cadre de ses études de droit, Michaël assiste au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles….Pendant son internement il lui envoie non des lettres, mais des enregistrements audio de l’Odyssée, de Schnitzler, de Tchekhov…Il la revoit encore, bien plus tard, au terme de ses années de détention…Le secret d’Hanna, son analphabétisme, court et sous-tend cette dramatique histoire.
J’ai trouvé passionnante et bien menée la façon dont Bernhard Schlink entrecroise dans ce roman plusieurs thèmes forts. Le fait qu’il soit l’auteur de plusieurs romans policiers à succès n’y est pas étranger. Il sait tenir ses lecteurs en haleine. Il aborde la responsabilité et la culpabilité, le poids du passé, la responsabilité personnelle envers les crimes du nazisme comme envers la protection d'un secret, la liberté individuelle, celle de conserver un secret même au prix d'une condamnation à la prison. Le secret, le mensonge jouent un rôle très important, tout comme la honte. Il nous met, de façon subtile et symbolique aussi face à nos choix, notre éveil de conscience et nos responsabilités. Michaël c’est aussi toute une génération face au questionnement de la Shoah. 
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 « Nous ne devons pas nous imaginer comprendre ce qui est inconcevable ; nous n’avons pas le droit de comparer ce qui échappe à toute comparaison ; nous n’avons pas le droit de questionner, car celui qui le fait, même s’il ne met pas les atrocités en doute, en fait néanmoins un objet de communication, au lieu de les prendre comme une chose devant laquelle on ne peut que s’imposer le silence de l’horreur, de la honte et de la culpabilité.[…] 
Mais enfin, l’on condamnait et châtiait quelques rares individus, tandis que nous, la génération suivante, nous nous renfermions dans le silence de l’horreur, de la honte et de la culpabilité : et voilà, c’était tout ? »

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