Le 2 Janvier 1915, il y aura bientôt 100 ans, Guillaume Apollinaire (1880-1918, voir ici) prend le train en gare de Nice après une permission de quarante-huit heures.
Dans son compartiment, il rencontre une jeune femme, Madeleine Pagès, qui doit embarquer à Marseille. Les deux voyageurs se plaisent, parlent de poésie, échangent leurs adresses. Au cours des mois qui vont suivre, Guillaume Apollinaire envoie du front de Champagne à Mlle Pagès des lettres d’une liberté et d’une sensualité inouïes.
Unissant la dignité et la souffrance du combattant à la sensualité lyrique de l’amoureux, les lettres d’Apollinaire défendent sans cesse, dans l’enfer des tranchées, la poésie, la beauté et la vie.
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Unissant la dignité et la souffrance du combattant à la sensualité lyrique de l’amoureux, les lettres d’Apollinaire défendent sans cesse, dans l’enfer des tranchées, la poésie, la beauté et la vie.
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Le 2 décembre 1915 au soir.
« Mon amour dans l’horreur mystérieuse métallique muette mais non silencieuse à cause des bruits épouvantables des engins qui sifflent geignent éclatent formidablement notre amour est la seule étoile, un ange parfumé qui flotte plus haut que la fumée noire ou jaune des bombes qui explosent.
Il sourit au fond des sapes où il fait l’écoute anxieuse, il veille aux créneaux repérés que la balle ennemie traverse à intervalles réguliers, il plane sur le mystère ineffable des premières lignes dont l’horreur blanche fait rêver d’un paysage lunaire.
Effrayante monotonie d’une vie où l’eau, même l’eau non potable est absente.
Ecris moi de l’amour, sois-moi ma panthère pour me remettre dans la vie de notre cher amour.
Songe à quel point dans la vie de tranchées on est privé de tout ce qui vous retient à l’univers, on n’est qu’une poitrine qui s’offre à l’ennemi. Comme un rempart de chair vivante.
Je sens vivement maintenant toute l’horreur de cette guerre secrète sans stratégie mais dont les stratagèmes sont épouvantables et atroces.
Mon amour je pense à ton corps exquis, divinement toisonné et je prends mille fois ta bouche et ta langue. »
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