Rainer Maria Rilke (Né en 1875 à Prague, mort en 1926 à Montreux, voir ici) écrivit ces "Notes sur la mélodie des choses" en 1898 ; il a alors 23 ans.
Rainer Maria Rilke |
Ce court texte se compose de 40 très brefs paragraphes.
Ce tout petit livre (63 pages) a été publié en 2010 (7° édition) par les Editions ALLIA.
En 1897, à Munich, où il suit à l'Université des cours de philosophie et d'histoire de l'art, Rilke rencontre Lou Salomé.
Il a commencé à partager sa vie et on peut supposer qu'elle lui a longuement parlé de Nietzsche.
Lou Andreas Salomé |
En 1898 il visite l'Italie, Florence, les églises, les musées : dans la contemplation des maîtres anciens, il s'éduque le regard.
On peut lire, dans ces Notes, à la fois les leçons de la peinture italienne (en particulier des tableaux de Marco Basaiti, XVI° siècle, mentionnés dans ce livre) et celles de la "Naissance de la Tragédie" de Nietzsche : la distinction premier plan/arrière plan, l'idée de mélodie des choses, l'articulation entre solitude et communauté.
Marie Madeleine par Marco Basaiti |
Il semble à priori ne s'agir là que de considérations sur une réforme de la scène et du théâtre.
Mais bien au delà, Rilke appelle de ses voeux un bouleversement de la culture et de la vie : c'est sa poésie même qui s'y cherche et qui est en train de se trouver.
Rilke dira d'ailleurs que sa vie n'a véritablement commencé qu'en 1899.
La "mélodie des choses" ne le quittera plus jamais!
L'extrême attention portée à la fois au tout proche et à l'immensité de l'Ouvert sera jusqu'à la fin l'un des traits constants de sa poésie.
Et la solitude en sera l'élément vital.
"Et nous sommes comme des fruits. Nous pendons haut à des branches étrangement tortueuses et nous endurons bien des vents.
Ce qui est à nous, c'est notre maturité, notre douceur et notre beauté.
Mais la force pour ça coule dans un seul tronc depuis une racine qui s'est propagée jusqu'à couvrir des mondes en nous tous.
Et si nous voulons témoigner en faveur de cette force, nous devons l'utiliser chacun dans le sens de sa plus grande solitude.
Plus il y a de solitaires, plus solennelle, émouvante et puissante est leur communauté." XXXIX
Voir la belle analyse de ce texte dans Wikipedia ici .
Ton article m'a fait rappeler le bonheur que j'avais eu à lire (et relire) "lettres à un jeune poète"....
RépondreSupprimerj'ai retrouvé cette phrase :" Si votre vie quotidienne vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous plutôt, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour en convoquer les richesses."
Bon dimanche