Philippe Delerm, né le 27 Novembre 1950 à Auvers-sur-Oise est l'auteur de divers recueils de poèmes en prose dont "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" (Gallimard 1997), qui connut un immense succès.
Philippe Delerm voue son écriture à la restitution d'instants fugitifs, à l'intensité des sensations d'enfance.
Il est aussi l'auteur de "Ma Grand-mère avait les mêmes" (2008), et "Je vais passer pour un vieux con" (2012) et de nombreux autres ouvrages.
J'ai fort apprécié la lecture de "Les Mots que j'aime" (Points, 2013).
"Les mots que j'aime, pour leur sens, leur sonorité et le plus souvent pour le rapport de la musique avec l'idée, de la cadence avec l'imaginaire.
Les mots que j'aime.
Pour le pouvoir qu'ils ont sur moi, et pour l'écho que je leur donne.
Les mots qui touchent, ceux qui font sourire. Et ceux que je déteste. Quelquefois..."
Les mots sont truculents. Les mots sont savoureux. Les mots sont mélancoliques, surprenants, drôles ou érotiques.
Philippe Delerm dresse dans ce livre la liste de ses préférés et raconte leur histoire: entre humour et poésie, il évolue ici dans un registre où il excelle.
Parmi la petite centaine de pépites :
Presbytère:
"C'est le mot qui faisait rêver Colette enfant. Pas pressée de demander son sens aux adultes, elle préférait y faire tenir la coquille des petits escargots jaunes.
Devoir apprendre qu'il fallait comprendre la maison du curé ne lui apporta pas de révélation, seulement l'occasion de multiplier son imagination par ce qu'on feint d'appeler réalité ...
Presbytère ...Un mot étrange, pas très catholique en dépit de son rôle assigné. Trop austère bien sûr, d'une sévérité nettement protestante, peut-être aussi à cause de Luther.
"Rêche en son commencement" écrivait l'auteur de La Maison de Claudine.
Oui ce presb est une herse confuse en guise de portail, un choc de consonnes hérissées étouffant le e frileux qui les cautionne. Le y n'arrange rien, avec son élégance et son mystère nous entraînant déjà dans des images helléniques - on songe à phalanstère.
Mais le plus étonnant, c'est le charme du lieu. "J'ai acheté l'ancien presbytère". A chaque fois on hoche la tête et on devine. Une maison délicieuse accotée à l'église, des poires en espalier, des murs bas, une atmosphère anglaise. Ceux qui faisaient voeu de pauvreté et d'abstinence habitaient un lieu voluptueux, idéal pour abriter aujourd'hui la chaleur amoureuse et le plaisir d'être sur terre."