lundi 6 juillet 2020

Jean Hegland : "Dans la Forêt" : de l'Apocalypse à l'initiation


Jean Hegland est née en 1956 dans l'Etat de Washington, aux USA.

Jean Hegland

Après avoir occupé divers petits boulots, des ménages dans une maison de retraite, elle décroche en 1984 une maîtrise en réthorique et enseignement de la composition à l'Université de Washington et devient enseignante.

En 1996, elle termine l'écriture de son premier roman "Into the Forest" qui raconte la relation entre deux soeurs qui doivent apprendre à survivre seules dans une forêt de séquoias, près de Redwood City, dans le nord de la Californie, alors que la société technologiquement dépendante s'effondre.


Le roman obtient un succès national puis international. 
Il est adapté au cinéma par Patricia Rozema.

La traduction française, aux Editions Gallmeister, parait en 2017.

Les Editions Gallmeister (ici), qui font un travail absolument remarquable,  sont spécialisées dans la littérature américaine.

Neil et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au coeur de la forêt.
Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre.


Rien n'est plus comme avant. Le monde tel qu'on le connait semble avoir vacillé : plus d'électricité, plus d'essence, les trains et les avions ne circulent plus.
Des rumeurs courent, les gens fuient.

Face à l'inconnu, il va leur falloir apprendre à grandir autrement, se battre et faire confiance à la forêt qui les entoure, remplie d'inépuisables richesses.

"Dans la Forêt" est un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, best-seller mondial, un roman d'apprentissage sensuel et puissant que j'ai vraiment apprécié!


Ce roman parle au lecteur, qui peut s'identifier à Nell, qui tient son journal, et à sa soeur.

Elles passent toutes les deux d'une phase d'expectative, en attendant un "retour à la normale", à une phase où elles prennent leur destin en main, comprenant qu'une ère plus proche de la nature, et moins dépendante du matériel s'ouvre à elles.

Ce roman passionnant et réaliste, sans pathos, date de plus de vingt ans, mais est plus que jamais d'actualité.

"Dans la Forêt" transforme l'Apocalypse
en fable initiatique

vendredi 12 juin 2020

Seamus Heaney : croire en la poésie : une puissance peu commune


Issu d'une famille d'agriculteurs et d'éleveurs, par son père, et d'ouvriers du textile par sa mère, Seamus Heaney est né à Casteldawson, en Irlande du Nord, le 13 avril 1939.



Il était l'ainé d'une famille catholique de 8 enfants.

Il est mort à Dublin, en Irlande, en 2013, à 74 ans. Voir ici.

Il est l'un des poètes anglophones les plus connus du XX° siècle : sa poésie mêle l'évocation sensuelle de la nature et du cadre celtique à la violence désespérée de la situation en Irlande du Nord.

Seamus Heaney a fait observer que ses ascendants représentent deux faces de l'Irlande : celle du passé gaélique tourné vers l'élevage, et celle de l'Ulster de la révolution industrielle.
Ces tensions fondamentales l'ont façonné.

Au collège de St Columb's, il apprend le gaélique irlandais et plus tard à l'Université Queen's à Belfast, il étudie la langue et la littérature anglaises, rencontre l'écrivain Michael MacLaverty (ici) et découvre la poésie de Patrick Kavanagh (ici).

Patrick Kavanagh
1904-1967

A partir de 1962 Seamus Heaney commence à publier des poèmes, dont le recueil  "Death of a Naturalist"qui lui vaut de nombreuses récompenses.


En 1972 il quitte Belfast pour enseigner à Dublin : il continue à publier, à donner des conférences qui rencontrent toujours le même succès.


Il reçoit le Prix Nobel de Littérature en 1995, "pour son oeuvre singulière, caractérisée par sa beauté lyrique et sa profondeur éthique qui fait ressortir les miracles du quotidien et le passé vivant." Voir ici.

Seamus Heaney devient le quatrième auteur irlandais à recevoir cette distinction après William Butler Yeats, George Bernard Shaw et Samuel Beckett.


Son oeuvre joue de l'affrontement des contraires : éloge d'une nature douce et fascinante et brutalité de la situation politique.

Il clame son identité irlandaise, mais en même temps la représente comme une réalité douloureuse et déchirée.

Il se comparait volontiers à un agriculteur qui creuse le sol : le poète doit de même creuser la langue afin d'en extraire les émotions et les images fortes.

Voir ici à propos de ses poèmes (en anglais).
Voir ici un blog sur "Poèmes de fumée et de tourbe"
Voir ici un autre blog sur "Illuminations de Seanus Heaney"


On trouve le texte de son magnifique discours de réception du Prix Nobel dans le gros ouvrage compilé par Eglal Errera (Ed Flammarion/France Culture) : "Tous les discours de réception des Prix Nobel de littérature", qui est une véritable mine!




"Je crois en la poésie parce qu'elle rend possible cette marche dans l'espace. J'y crois spontanément parce que tout récemment j'ai écris un vers qui m'enjoignait de "marcher comme sur l'air contre toute logique".

Mais en fin de compte, j'y crois parce que la poésie peut créer un ordre aussi fidèle à la marque de la réalité extérieure et aussi sensible aux lois intérieures auxquelles obéit le poète que les rides concentriques qui se formaient et se déformaient indéfiniment à la surface dans l'eau de l'arrière cuisine, il y a cinquante ans..."

Une oeuvre exceptionnelle à (re)découvrir!

mercredi 13 mai 2020

Arthur Schopenhauer : le dilemme du porc-épic (ou du hérisson)



Il s'agit là d'une analogie sur l'intimité humaine, qui nous est proposée par le philosophe allemand Arthur Schopenhauer : ici.

Arthur Schopenhauer
1788-1860 (à 72 ans)
Cette belle analogie est d'actualité en ce temps de passage du confinement au déconfinement.

En effet, quelle saine distance adopter avec les autres : distanciation sociale ou distanciation physique ?



Se rapprocher de nos frères humains tout en gardant nos distances : quel paradoxe inédit!

Prenons exemple sur les porc-épics, ou si l'on veut, les hérissons, et leur dilemme, nous dit Arthur Schopenhauer dans sa Parabole issue de Parerga et Paralipomena : voir ici.


Un groupe de hérissons cherchent à se rapprocher pour partager leur chaleur par temps froid.

Cependant, ils doivent rester éloignés les uns des autres, car ils se blesseraient mutuellement avec leurs épines.

Bien qu'ils partagent tous l'intention de se rapprocher, cela ne peut se produire pour des raisons qu'ils ne peuvent éviter.


Conclusion : malgré la bonne volonté, l'intimité dans les relations sociales usuelles ne peut exister sans préjudices mutuels importants, et, nous le constatons en ce moment, il en résulte un comportement méfiant et des relations forcément distantes...

Voici donc le "Dilemme du porc-épic, ou du hérisson": ici.

« Par une froide journée d'hiver un troupeau de porcs-épics s'était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’écarter les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu'ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu'à ce qu'ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable. 

Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur vie intérieure, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses manières d'être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu'ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c'est la politesse et les belles manières. 

En Angleterre on crie à celui qui ne se tient pas à cette distance : Keep your distance ! Par ce moyen le besoin de se réchauffer n'est, à la vérité, satisfait qu'à moitié, mais, en revanche, on ne ressent pas la blessure des piquants. Cependant celui qui possède assez de chaleur intérieure propre préfère rester en dehors de la société pour ne pas éprouver de désagréments, ni en causer. »

Il y a là de quoi méditer, en effet!
Keep your distance!



samedi 2 mai 2020

Jim Harrison : il était une fois dans l'Ouest


Il était une fois dans l'Ouest : Jim Harrison, le grand écrivain américain, disparu en 2016, me remue toujours autant. Voir ici.


Né au Michigan, il partageait son temps entre l'Arizona et le Montana, deux états américains qui m'ont profondément marqués.

C'était un homme d'un autre temps, un homme sans âge, et pourtant extraordinairement présent.

Voir ici la belle note écrite par notre ami blogueur Jcmemo à propos de son ouvrage Dalva.

Cette note me donne l'occasion de relire des interviews de Jim Harrison publiés en 2016 dans le bel ouvrage intitulé "Amérique des Ecrivains en Liberté" par Jean-Luc Bertini et Alexandre Thiltges (Albin Michel)


Voir ici ma note écrite au moment de la disparition de "Big Jim".

Quelques unes de ses citations, mieux que des commentaires!

"Il faut donner une voix aux gens qui n'en ont pas.
Je crois que telle est la responsabilité de l'écrivain."

"Les oiseaux, un bon repas, une bonne bouteille, et aussi les rivières.

Quand je broie du noir, je remonte ce cours d'eau qui se trouve derrière la maison.
Je parcours ainsi parfois des kilomètres et des kilomètres, et ça me redonne mystérieusement le goût de vivre."


"Mon humeur peut changer très rapidement.
C'est pour ça que je passe tellement de temps dans la nature, ou sur l'eau, car c'est la seule chose qui me permette de recoller les morceaux."

"Il n'y a pas de vérité, que des histoires."

"Oublier le moi, c'est devenir dix-mille autres choses."

"Les écrivains se construisent un masque pour se protéger de leur vulnérabilité, mais s'ils ne sont pas vulnérables, ils ne peuvent pas écrire.

Qu'est-ce qu'un homme sans vulnérabilité pourrait bien écrire? Sur lui-même ?
C'est comme ça qu'Hemingway s'est fait piéger : il a créé une superbe mine, mais il en avait déjà extrait tout l'or!"

"Si l'on passe suffisamment de temps dans la nature, au bout d'un moment, il n'y a plus de dedans ni de dehors.

En d'autres termes, on ne regarde plus la nature de l'extérieur, mais de l'intérieur."

"Le voyage sans destination particulière est mon mécanisme de survie."



Voir ici la liste des livres de Jim Harrison.


mercredi 15 avril 2020

Littérature américaine : "Purity" de Jonathan Franzen !


Jonathan Franzen,  né le 17 Août 1959 dans l'Illinois est un écrivain, romancier et essayiste américain.


Né d'une mère américaine et d'un père d'origine suédoise, il passe son enfance dans le Missouri et fait ses études supérieures à Berlin. Il vit actuellement à New York.

En 2009, il réside à Tübingen et y donne des cours à l'Université.

Il a publié plusieurs romans : The Twenty-Seventh City (1988), Strong Motion (1992), The Corrections (2001), Freedom (2010), Purity (2015) ainsi que des essais.

En 2010, Jonathan Franzen fait la une de TIME Magazine à l'occasion de la sortie de Freedom , puis celle de Libération en 2011.


Il a accordé un grand entretien à François Busnel dans la passionnante revue America (#05/16).

Franzen est souvent controversé : arrogant et sexiste pour les uns, génial et visionnaire pour les autres. En tout cas, il ne mâche pas ses mots!

Quoiqu'il en soit, Jonathan Franzen est l'un des écrivains les plus influents des lettres américaines actuelles.

Avec "Purity", il signe un (gros : 826p!) roman critique, acerbe et drôle sur la civilisation numérique, la perte de sens, mais aussi l'absolutisme moral de la jeunesse et les désillusions inévitables.


Il y a dans ce roman une intrigue, un peu difficile à percevoir au tout début, un côté thriller qui en fait un "page turner" très prenant : l'intrigue, très fouillée, est riche en rebondissements.

J'ai saisi l'occasion du confinement pour me lancer dans "Purity" et je ne l'ai pas regretté.

Voir le résumé ici et .

"Purity" est un roman ultra contemporain sur la tyrannie de la "transparence" à l'heure des "Wikileaks" et des réseaux sociaux.

Une fois le livre refermé, les personnages et les situations me hantent encore, que l'action se déroule à Berlin-Est (avant, pendant et après la chute du Mur), à Denver, Oakland ou en Bolivie.


Y sont détaillés par Franzen, avec force, la dictature des réseaux sociaux, le rôle des lanceurs d'alerte, le déclin du journalisme.

L'auteur nous entraine dans une intrigue haletante, en habile chroniqueur de notre monde contemporain.

"Si j'expérimente une forme d'angoisse quant à l'identité individuelle dans un monde dominé par le numérique ou quant à la situation critique dans laquelle se trouve le journalisme professionnel aujourd'hui, je peux deviner que d'autres partagent cette angoisse. 
Et qu'ils en aimeront sans doute mon exploration. "Propos recueillis par L'Express, le 23/05/16


Le héros Andreas, qui a grandi en Allemagne de l'Est va jusqu'à comparer le règne omniprésent d'Internet avec la surveillance de la Stasi...

"Comme écrivain et comme citoyen concerné, comme quelqu'un qui croit que la réalité est compliquée, je suis affligé de voir à quel point les technologies numériques nourrissent des paroles publiques extrêmes, simplistes, irresponsables et souvent malhonnêtes.

C'est mauvais pour la démocratie, et, personnellement, ça me fait enrager chaque jour qui passe." Jonathan Franzen


Pour l'auteur, l'idéalisme de la jeunesse et son absolutisme moral apparaissent aussi comme un bon sujet de rigolade ; en effet, que deviennent tous ces idéaux avec leur part d'aveuglement, lorsqu'on prend de l'âge et que l'on s'affronte à la réalité ?...

Dans "Purity", Franzen confronte ses - et nos - démons!

Ecoutez ici (en anglais) Franzen parler de "Purity", entre autres.

Daniel Craig pourrait jouer dans une série TV tirée de "Purity" ; à suivre donc!

samedi 11 avril 2020

Blaise Pascal : Du malheur de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre



Il est bien difficile de rester cloîtré sans rien faire, en ces temps de confinement forcé, si, du moins, nous ou nos proches ne sommes pas atteints par le Covid-19.

"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer dans une chambre." Blaise Pascal (Pensées)

Blaise Pascal
1623-1663 (à 39 ans)

Nous sommes déjà tentés à tout prix de nous divertir, en temps ordinaire.



Mais, dans la situation présente, nous précipiter sur n'importe quelle distraction n'a pas forcément un effet positif ni salutaire, ...

"Se divertir", étymologiquement : "divertere", "se détourner".

La télévision et les réseaux sociaux nous offrent en ce moment une infinité de possibilités de "divertissements" plus ou moins futiles, qui ont pour conséquence, à la longue, une sorte de "ramollissement de nos malheureux neurones", déjà mis à mal...

Les Français passent en moyenne
5h/jour devant la télé
depuis le confinement
De plus, les "tutoriels" de toutes sortes sur internet fleurissent et nous sollicitent : cuisine, exercices en chambre, yoga, méditation, apprentissages divers visant au "confinement utile"...


Se "divertir" de façon plus "sérieuse" est possible, et là encore, dans la période que nous vivons, les offres de visites virtuelles de musées, de retransmissions de pièces de théâtre et d'opéras sont légion et nous ne savons plus vers quoi nous tourner.

Pour Blaise Pascal, le "divertissement" désigne ces occupations, futiles ou plus sérieuses, qui nous permettent d'ignorer ce qui nous afflige, au fond et de fuir notre condition.


En temps ordinaire, nous sommes entraînés, par nos activités, nos passions ou nos difficultés de vie au quotidien, à détourner notre regard de nos problèmes existentiels.

"Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser."

"L'homme, quelque plein de tristesse qu'il soit, si on peut gagner sur lui de le faire entrer en quelque divertissement, le voilà heureux pendant ce temps-là."

Mais en s'agitant ainsi, on rencontre de nouveaux tourments, car le bonheur ne peut venir du seul "divertissement", qui nous éloigne du temps présent.

"La seule chose qui nous console de nos misères c'est le divertissement, et pourtant c'est la plus grande de nos misères.
Car c'est cela qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement."


Divertissement. Pensées. Voir ici.
"Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent, dans la cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc… j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir plus demeurer en repos dans une chambre (…).
 Mais quand j’ai pensé de plus près, et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une, bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de plus prés.
 Quelque condition qu’on se figure, où l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde ; et cependant, qu’on s’en imagine accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le toucher, s’il est sans divertissement, et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité languissante ne le soutiendra point, il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent, des révoltes qui peuvent arriver, et enfin de la mort et des maladies qui sont inévitables ; de sorte que, s’il est sans ce qu’on appelle divertissement, le voila malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets, qui joue et qui se divertit."

Bon confinement !...


mercredi 8 avril 2020

(Re)lisez Octavio Paz en ces temps de confinement : La quête du présent



Octavio Paz est né à Mexico en 1914 et est mort à Mexico en 1998.


Lors de ses études à l'Université de Mexico, il entame une carrière littéraire, publie des poèmes et fonde des revues.

En 1936 il réside en Espagne pendant la guerre civile où il apporte son soutien aux combattants républicains.

En 1943, il part pour 2 ans aux USA où il lit Ezra Pound, W. B.Yeats, T. S. Eliot,...

En 1945 il entame une carrière de diplomate.

Il vit en France à partir de 1946 où il fréquente les surréalistes : André Breton, Benjamin Perret,...

Entre 1955 et 1962 il est membre du Comité de la revue littéraire colombienne Mito.

Il est nommé ambassadeur du Mexique en Inde en 1962, mais il abandonne ce poste en 1968 lors de la répression sanglante par son gouvernement des étudiants de Tlatelolco.


Dans les années 1970, il s'engage contre la violence et l'oppression quelles qu'elles soient, prenant la défense de Soljenitsyne.

L'oeuvre littéraire et poétique d'Octavio Paz est considérable : voir ici et .

Le prix Nobel de Littérature lui est décerné en 1990. Voir ici.

"C'est comme si Nerval ou Hölderlin écrivaient des livres dignes de Tocqueville et de Marx" disait de lui Claude Roy.

Son discours de réception du Prix Nobel de Littérature est absolument remarquable et il s'intitule "La quête du présent".


Il est tout à fait d'actualité en nos temps de confinement!

"...Dire que nous avons étés expulsés du présent peut sembler un paradoxe.
Il n'en est rien : c'est une expérience que nous avons tous faite un jour ou l'autre.

Certains d'entre nous ont d'abord vécu cette expulsion comme une condamnation, convertie ensuite en conscience, en action.

La quête du présent n'est pas la recherche d'un paradis sur terre ni de l'éternité sans dates : c'est la quête de la véritable réalité...

... je viens seulement de comprendre qu'il y avait une relation secrète entre ce que j'ai appelé mon expulsion du présent et le fait de composer des poèmes.


La poésie est amoureuse de l'instant et elle veut le revivre dans un poème ; elle l'isole de la succession temporelle et le transforme en pur présent...

Je crois depuis longtemps - et je le crois fermement - que le crépuscule du futur annonce l'avènement de l'aujourd'hui.

Et le maintenant ne peut d'avantage se confondre avec un hédonisme facile.


Si l'arbre du plaisir ne croit ni dans le passé, ni dans le futur, mais dans l'instant même, la mort elle aussi est un fruit du présent.


Nous ne pouvons l'ignorer : elle fait partie de la vie.

Vivre bien exige de bien mourir.

Tour à tour sombre et lumineux, le présent est une sphère où s'unissent les deux pôles, l'action et la contemplation.

Que savons nous du présent? 
Rien ou presque. 

Mais les poètes savent une chose : le présent est la source vive des présences..."